La sociologue Nathalie Heinich dresse un portrait global du monde de l’art contemporain, dans son livre " Le Paradigme de l’art contemporain". (Gallimard, NRF, 2014, 384 p., 21, 50 €). Extraits ci-après.
Illustrations : "Ambiguïté" oeuvre de facture classique ; "La Reine s'amuse" oeuvre de facture moderne ; "C.Lavie" installation contemporaine. Par Dany Io Sculpteur.
Pour cette sociologue, l’histoire de l’art peut se scinder en trois grands paradigmes successifs – classique, moderne, contemporain2 - impliquant chacun une définition distincte de l’art. Dans le paradigme classique, l’art se doit d’être conforme aux canons hérités de la tradition, tandis que dans le paradigme moderne l’art est défini comme l’expression de l’intériorité de l’artiste (régime de singularité), ce qui implique parfois la transgression des canons classiques. Enfin, dans le paradigme contemporain, « l’art consiste en un jeu avec les frontières de ce qui est communément considéré comme de l’art. » (p. 50). Entre ces trois paradigmes, l’expérience esthétique diffère également : l’art contemporain recherchant la sensation, là où le classique cherchait l’élévation spirituelle et le moderne l’émotion esthétique.